Romance du 14 juillet

Elle n'avait que seize ans à peine,
Quand elle sentit batt'son coeur
Un soir avec le môme Gégène
La pauvrett' a connu le bonheur.

C'était l'jour d'la fête nationale
Les fusées pétaient en l'air.
Elle sentit comme un trou de balle
Un frisson parcourir sa chair.

Refrain

Par devant, par derrière,
Tristement comme toujours
Sans chichi, sans manière,
Elle a connu l'amour.
Les oiseaux dans les branches,
En les voyant s'aimer,
Entonnèrent la romance du quatorze juillet.

"Tape ta pine au plafond,
Poil au cul, poil au con,
Et dis-moi si c'est bon...c'est bon!"

Mais quand refleurit l'aubépine ... (de cheval)
Au premier souffle du printemps ... (de chien)
Fallait voir la pauvre gamine ... (de rien)
Mettre au monde un petit enfant ... (de pute)

Et Gégène qu'est l'mec à la coule
Lui dit:"Ton môme, moi, j'm'en fous
Je te l'ai fait, maintenant j'me les roule
A ta place, je lui tordrais le cou."

Par devant, par derrière,
Tristement comme toujours
Fallait voir la pauvre mère,
Et son gosse de huit jours.
En fermant les paupières,
Elle lui a tordu le quiqui
Et dans l'trou des "wateres",
Elle a jeté son petit.

Tape ta pine...

Mise au banc à la cour d'assises
Comme à celui de la société
Elle fut traitée de fille soumise
Elle qui n'l'avait jamais été.

Elle repensait à son pauvre gosse
Qu'elle n'avait plus maintenant
En attendant le verdict atroce
Qui la condamne au bagne pour vingt ans.

Par devant, par derrière,
Tristement comme toujours
Elle est mort' la pauv'mère,
à Cayenne un beau jour
Morte avec l'espéranc'
de revoir son petit
Dans la fosse d'aisance
Où c'est qu'ell l'avait mis.

Tape ta pine....